Du 21 au 28 Septembre 2024, j’ai eu le privilège de prendre part pour la première fois au Congrès du Mouvement de Lausanne, dénommé Lausanne 4, qui s’était déroulé à Séoul en Corée du Sud. Cette édition était organisée par le Comité Exécutif Global et son thème était “Qu’ensemble l’Église proclame et mette en évidence le Christ”.
Lausanne 4 a visé “à accélérer la collaboration mondiale et la croissance des disciples au niveau mondial grâce au partage des ressources numériques”. Un des leitmotivs de ce Congrès est l’Église mondiale ensemble dans la mission de Dieu. La multiculturalité des participants avec les formes de leur louange et la convergence des communications par les orateurs et des témoins de la foi dans divers contextes étaient un enrichissement pour moi. Dans ce blog, j’aime bien partager quelques éléments sur lesquels je porte mon appréciation. Je commence avec des réflexions sur la forme du Congrès pour continuer avec le contenu.
Organisation
L’organisation du Congrès était à la hauteur des attentes. Une forte mobilisation des membres du Mouvement de Lausanne et des Églises à permis aux organisateurs de répondre aux besoins du Congrès. C’était une réussite. L’esprit de service et le zèle dans le service m’ont profondément touché. J’ai noté que des centaines de volontaires sont venus de tous les Continents et ont mis leurs talents à notre service pendant tout le temps du Congrès. La mobilisation des participants venus de tous les coins du monde a marqué très positivement Lausanne 4. Les statistiques ont montré qu’il y a eu entre 5400-5600 participants régulièrement inscrits et plus de 500 volontaires, soit plus de 6000 personnes réunies en cette circonstance à Séoul.
Coût des voyages
Quoique cette activité soit organisée à peu près tous les 15 ans, il faut reconnaître que le coût des voyages est exorbitant. Sa décentralisation et son organisation tous les cinq ans et par continent ou région, voire regroupement des régions serait idéale. Cette approche permettrait d’évaluer à mi-parcours la pertinence des résolutions et de la Déclaration. La rencontre globale pourrait être réduite aux bureaux exécutifs des régions, ce qui limiterait les dépenses énormes à effectuer. La haute technologie déployée par les organisateurs du Congrès a permis aux milliers de participants de suivre sans plainte les activités en présentiel comme en ligne, certes, mais le coût est réellement énorme.
Programme très chargé
La densité du programme n'a pas laissé le temps aux plénières sur des questions brûlantes d'actualité. Il a manqué de temps pour la restitution des travaux d'ateliers. Par exemple, la Déclaration de Lausanne 4 a été publiée avant le début des travaux. La Déclaration de Lausanne IV appelée ‘Proclamation de Seoul’ n'a pas été l'objet des débats en plénière pour requérir les opinions des participants sur les points sensibles. Ce point-ci a suscité plusieurs réactions à travers les réseaux sociaux. La logique voudrait que les organisateurs envoient toute la déclaration aux participants par région pour discussions sur quelques articles sensibles et que les conclusions ou les résolutions leur soient envoyées pour considération. Or, cette Déclaration a précédé même l’ouverture du Congrès.
Débats sur la sexualité
Comme indiqué ci-dessus, an aurait aimé que certains points de la ‘Proclamation de Seoul’ telle que la question des LGBT, soient débattus en plénières et les résolutions consignées dans la Déclaration. En plus de l’intervention d’un des orateurs, deux ou trois articles de la déclaration de Lausanne ont fait mention de l’homosexualité. A la lecture de cette déclaration non débattue, plusieurs réactions ont été exprimées parmi les participants, surtout par des groupes de Séoul avec des affiches un peu partout protestant contre les dispositions aux articles 69 et 70. Vu la diversité des sensibilités et des contextes des participants, cette question est loin d’obtenir l’unanimité des opinions des participants. Aussi, aucune séance n'a-t-elle été accordée dans la salle pour remuer cette question.
Missiologie d’Actes des Apôtres
L'exploitation du livre des Actes par plusieurs intervenants suivant différentes thématiques que renferme ce livre a permis de mettre en vue la problématique de la mission chrétienne contemporaine. Des deux volets de la mission chrétienne, souvent la proclamation l'emporte sur l’action sociale. Or la mission chrétienne à toujours les deux volets : proclamation et action sociale. C’est ce volet social qui indique le caractère intégral de la mission. Par conséquent, aucune circonstance ne doit amener l’Église à remettre en question la mission intégrale. La pauvreté et la responsabilité sociale du chrétien ont été énoncées par quelques orateurs lors de l'exploration du livre des Actes, certes, mais n'ont pas été au centre du congrès. Le grand défi pour tous les participants est la restitution des enseignements de Lausanne 4 dans différents contextes. Souvent aussi, les herméneutiques contemporaines font primer le rôle du Saint-Esprit dans la mission chrétienne en oubliant la participation des deux autres membres de la Trinité. Toutefois, retenons que la mission chrétienne est rendue puissante par l’Esprit Saint, mais que le message se focalise sur la personne du Christ. L’histoire de la persécution de l’Église dans les Actes éclaire la compréhension du contexte de la persécution de l’Église contemporaine. Elle encourage les chrétiens à l’endurance dans l’épreuve, sachant que le propriétaire de l’Église les accompagne à travers l’épreuve.
L’église persécutée
La persécution ne modifie pas l’ordre et la logique de la mission chrétienne. Les témoignages des chrétiens persécutés ont été édifiants pour tous les participants. Nous avons vu comment Dieu veille sur le développement de son Église malgré l’opposition farouche et cruelle déclenchée par les détracteurs de la foi chrétienne. Un orateur a dit : « La persécution ne tue pas l’Église, c'est plutôt l’Évangile compromis qui tue l'Église ».
Engagement individuel
Un texte d’une page sur l’engagement individuel pour la mission a été distribué à tous les participants. Cet engagement individuel doit mettre en connexion régulière les acteurs avec des idées déterminantes pour l’évangélisation mondiale. L’objectif de cet engagement est de réussir à mettre l'Évangile à la portée de chacun et à susciter des églises qui font des disciples pour Christ. D’autres objectifs de cet engagement sont, entre autres, former des leaders à l'image du Christ dans chaque Église et dans chaque secteur, et produire l’impact du royaume dans chaque sphère de notre société.
Le Professeur Abel Ngarsouledé, ancien doyen de la Faculté de Théologie Evangélique Shalom (FATES), est présentement Secrétaire Général de l’Ecole doctorale de ladite faculté à Ndjaména (Tchad).
Photo : Abel Ngarsouledé